Genève et les 101 diables rouges
De tout temps, les dictons ont proclamé que les deux maux auxquels étaient inéluctablement soumis les citoyens consistaient en la mort et les impôts.
Les impôts ont un corollaire, à savoir l’endettement des états, puisque si ceux-ci n’étaient pas endettés, les impôts pourraient être diminués.
A cet égard, il est intéressant de relever que la position des politiques semble n’avoir guère évolué sur ces questions.
C’est ainsi qu’à la lecture de l’extrait du Diable rouge, reproduit ci-après, l’on peut constater que s’il y avait un diable rouge sous Louis XIV, on en compte à Genève 101: notre grand argentier et nos cent députés.
En effet, tant par la quotité des impôts prélevés à Genève, que par la structure du barème (absence de réelle progressivité), il y a effectivement une taxation très lourde des « ni pauvres, ni riches ».
Au mois de juin, lors de la prochaine assemblée générale de l’AGEDEC, sera abordée la question de la volonté de voir mettre en oeuvre les moyens visant à une baisse de l’imposition du revenu et de la fortune à Genève en tenant compte de l’entrée en vigueur de la nouvelle LIPP, ainsi que du résultat de la votation sur l’augmentation du taux de TVA.
Un extrait du Diable rouge
Le Diable rouge est une pièce de théâtre d’Antoine Rault, mise en scène par Christophe Lidon. Elle retrace les derniers mois de la vie de Mazarin, ministre vêtu de pourpre cardinalice du jeune roi Louis XIV. Colbert, qui deviendra Contrôleur général des finances à la mort de Mazarin, prend ici une leçon qui – visiblement – inspirera aussi beaucoup de ses successeurs et homologues.
Colbert:
Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…
Mazarin:
Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’Etat…L’Etat, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les Etats font ça.
Colbert:
Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
Mazarin:
On en créé d’autres.
Colbert:
Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin:
Oui, c’est impossible
Colbert:
Alors, les riches ?
Mazarin:
Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.
Colbert:
Alors, comment fait-on ?
Mazarin:
Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches…Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser…C’est un réservoir inépuisable !
Publié le 31 mai 2010